La France sous les projecteurs: Un appel urgent pour réinventer la coopération sanitaire en Afrique

Le mardi 20 juin 2023, l\’Académie Nationale de Médecine a fait entendre sa voix de manière officielle à travers un rapport adopté par une majorité de 65 voix pour, 6 voix contre et 7 abstentions. Ce rapport, porteur d\’une prise de position claire, met en lumière les lacunes et les défis auxquels la coopération sanitaire française est confrontée dans ses relations avec les pays à ressources limitées.


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Malgré un passé glorieux de collaboration et d\’expertise, la France semble ne plus être à la hauteur des attentes de ces nations en termes de soutien sanitaire. L\’histoire de la France dans le domaine de la coopération sanitaire avec les pays en développement remonte à plusieurs décennies. L\’expertise médicale, les financements substantiels et les partenariats de recherche ont constitué les piliers de cette relation. Cependant, le rapport évoque un écart grandissant entre les promesses et la réalité de cette collaboration.


Le rapport pointe du doigt des choix stratégiques qui ont préféré privilégier les activités multilatérales au détriment des actions bilatérales insuffisamment financées. Cette approche a conduit à un manque de programmation, de coordination, de suivi et d\’évaluation des projets.


En conséquence, le soutien aux maladies chroniques non transmissibles ainsi qu\’à la lutte contre les carences chirurgicales est demeuré insuffisant a mentionné le rapport.


L\’expertise française, qui a longtemps été un atout majeur, ne parvient plus à répondre aux besoins de gouvernance des organismes internationaux, à la formation en santé mondiale et à la coordination des actions sur le terrain, tout en interagissant avec les partenaires européens.


Face à ces constats, le rapport émet des recommandations cruciales pour rétablir la cohérence, l\’efficacité et la visibilité de la coopération sanitaire française. L\’une des propositions phares consiste à mettre en place un Haut Conseil en Santé mondiale. Ce conseil serait chargé de définir, élaborer, suivre et évaluer une stratégie globale de coopération sanitaire entre la France et les pays à ressources limitées. Cette initiative pourrait offrir une plateforme pour une planification à long terme, une coordination efficace et une mise en œuvre judicieuse des projets de santé.


Retenons que le rapport de l\’Académie Nationale de Médecine sonne comme un appel à l\’action pour la France afin qu\’elle revitalise sa coopération sanitaire avec les pays à ressources limitées. L\’objectif est de rétablir un partenariat solide, engagé et efficace, tout en faisant face aux défis émergents et en garantissant que l\’expertise française continue de jouer un rôle majeur dans la santé mondiale.


Megan Valère SOSSOU




INTOX: Non! la hausse de la mortalité infantile n\’est pas liée à la COVID-19

L’internet n’a pas de frontière, une fausse information propagée sur les réseaux sociaux en France peut rapidement faire des dégâts au Bénin et dans n’importe quel pays du monde. C’est pourquoi, nous avons vérifié cette information pour vous.

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Depuis le début de la pandémie, de vraies informations sont régulièrement \ »détournées\ » pour discréditer l’efficacité des vaccins anti-COVID-19. En effet, selon une publication qui a été vue près de 8 000 fois sur Telegram et partagée plus de 1 000 fois sur Twitter depuis le 26 décembre 2022, les vaccins COVID-19 augmenteraient la mortalité infantile particulièrement en France. C’est une mauvaise interprétation d\’une réelle étude scientifique de l’Inserm publiée par The Lancet en mars dernier évoquant bien une hausse de la mortalité infantile en France.

Loin de l’interprétation des opposants aux vaccins, cette information a été constatée bien avant l’arrivée de la vaccination, ou même de la COVID-19. Une mortalité infantile qui a bien augmenté mais entre 2012 et 2019, bien avant la période de la pandémie.

Les résultats de cette étude renseignent qu’au cours de la période 2012-2019, 53 077 décès de nourrissons de moins d\’un an ont été enregistrés parmi les 14 622 096 naissances vivantes, et que le nombre de décès d\’enfants de moins d\’un an, a fortement diminué de 2001 à 2005, puis de façon plus lente de 2005 à 2012, avant de remonter. La mortalité infantile est ainsi passée de 3,32 en 2012 à 3,56 décès pour 1.000 naissances vivantes en 2019, soit une augmentation de 7 %.

Sauf qu’en France, il n’y avait pas encore le vaccin anti COVID-19, ni la COVID-19 en cette période d’étude. Jean Christophe Rozé est coauteur de l\’étude et président de la Société française néonatalogie. Il a confié à nos confrères de l’AFP, « Il n\’y aucun rapport entre cette augmentation et la vaccination contre la COVID-19 puisque les données s\’arrêtent à 2019 ».

Les causes de l’évolution de la mortalité infantile entre 2012 et 2019 en France restent à ce jour hypothétiques. Elles sont à la fois liées à l’augmentation de l\’âge maternel, l’augmentation de l\’instabilité, l’obésité féminine et diabète sucré, etc.

Martin Chalumeau pédiatre et épidémiologiste est l’un des scientifiques ayant supervisé l\’étude. Il déplore « On a bien vu sur les réseaux sociaux que certaines personnes associent les résultats de notre étude – l\’augmentation de la mortalité infantile – et les vaccins contre le COVID-19, mais ce n\’est pas du tout le cas. La période d\’augmentation observée se situe entre 2012 et 2019, bien avant la crise sanitaire ».

Mieux, Martin Chalumeau pédiatre et épidémiologiste, révèle que même « les premières données provisoires dont nous disposons ne montrent pas non plus de hausse de la mortalité infantile depuis le début de la crise sanitaire ou depuis l\’arrivée des vaccins ».

Cette information faussée et propagée depuis la France, pouvait non seulement porter un coup à la campagne de vaccination contre la COVID-19 en cours, mais aussi jeter du discrédit sur l’efficacité des vaccins anti COVID-19 à travers le monde entier.

Megan Valère SOSSOU