La Chronique de Megan Valère SOSSOU, Journaliste et Expert des questions environnementales
2025 – 1925, 100 ans que durent les inondations à Cotonou, la principale ville économique du Bénin. Depuis 2016, cette ville subit une profonde transformation. Opérations de déguerpissement, programme Asphaltage, installation de grands monuments, réorganisation de la gestion des déchets… autant d’initiatives qui ont offert à la capitale économique du Bénin un nouveau visage, plus moderne, plus attractif.

Mais il a suffi d’une demi-journée de pluie pour que ces infrastructures, saluées par certains, soient mises à rude épreuve. Les grandes artères de la ville se sont rapidement retrouvées sous les eaux. Inondations, engorgements, habitations envahies : le décor était celui d’une ville littéralement débordée.
Pour certains, le problème vient du système d’attribution des marchés de travaux publics, entaché d’irrégularités. D’autres pointent l’incivisme des populations : dépôts sauvages d’ordures, caniveaux obstrués, constructions anarchiques. Et il y a ceux qui pleurent déjà les milliards engloutis dans ces projets et qui s’interrogent sur leur durabilité.
Les scientifiques, eux, vont plus loin : ils alertent sur l’improbabilité, à moyen terme, de la survie même de la ville de Cotonou si des mesures fortes ne sont pas prises. Les eaux pluviales, de plus en plus violentes avec les effets du changement climatique, s’infiltrent dans les habitations, endommagent les bâtiments publics et mettent à mal les acquis urbains.
Face à cette situation qui date d’un siècle, la solution passe avant tout par une prise de conscience collective.

Cotonou ne peut plus continuer à se bétonner indéfiniment. Pour un développement réellement durable, il faut envisager une nouvelle vision de l’aménagement du territoire : valoriser d’autres villes, créer de véritables pôles économiques en dehors du littoral, construire une relation plus équilibrée entre l’Homme et la Nature.
Il est urgent de désengorger Cotonou. L’État et les entreprises doivent s’implanter dans d’autres communes. Le Bénin ne se résume pas à Cotonou. Tout gouvernement qui comprendra cela posera les jalons d’un mandat réussi et durable.
Mais pour y arriver, la mobilité doit suivre. Un réseau ferroviaire performant, notamment un train à grande vitesse, permettrait de relier les villes du pays en quelques minutes. Cela rendrait possible une meilleure répartition de la population, des activités économiques et des services publics sur l’ensemble du territoire.
Enfin, rien de tout cela ne sera viable sans transparence dans l’attribution des marchés publics, ni respect citoyen des biens communs.
Protéger l’environnement ne doit plus être synonyme de vernis urbain ou de camouflages artificiels. Cela implique de remettre le naturel au cœur de toute intervention.
C’est à ce prix que nos villes, et Cotonou en particulier, pourront résister aux défis de demain.