À première vue, les villes, avec leur concentration élevée en infrastructures de santé, semblent offrir un meilleur accès aux services médicaux, y compris pour les femmes enceintes et les nouveau-nés, par rapport aux zones rurales.
Pourtant, les femmes et les femmes et les nouveau-nés des villes rencontrent des défis sanitaires, spécifiques, complexes qui engendrent des souffrances et des décès évitables. C’est pourquoi le Collectif UrbanBirth s’engage dans la production de données qui permettent d’analyser ces défis dans trois zones urbaines d’Afrique subsaharienne.
Le signal est donné. « Nous voulons contribuer à atteindre zéro décès maternel évitable dans les villes », déclarent les membres du collectif UrbanBirth dans une publication réalisée à l’occasion de la Journée de sensibilisation à la santé maternelle, le 23 janvier 2024. Ces chercheurs, décideurs et acteurs de mise en œuvre, la trentaine, voudraient mettre en lumière, les enjeux de l’accès aux soins maternels et néonatals de qualité, souvent compromis par les pressions liées à l’urbanisation. « Les contextes actuels, marqués par une urbanisation galopante, des catastrophes naturelles, la crise climatique et des épidémies récurrentes, exigent des villes qu’elles développent et mettent en œuvre des stratégies cohérentes pour garantir des soins maternels et néonatals équitables », soulignent-ils.
En réalité, l’Afrique subsaharienne concentre à elle seule 68 % des décès maternels à l’échelle mondiale. Avec la projection selon laquelle, d’ici 2050, deux tiers de la population mondiale vivront en zones urbaines — et que 90 %des 2,5 milliards de citadins supplémentaires résideront en Afrique et en Asie—, il devient impératif d’agir avec efficacité. « Notre mission est de mener des recherches percutantes, adaptées aux spécificités locales, afin d’aborder les problèmes complexes de la santé maternelle et néonatale en milieu urbain », précisent les chercheurs. Pour répondre à ces défis, le collectif va s’appuyer entre autres sur l’imagerie satellitaire, les enquêtes nationales et les données sociodémographiques, intégrées dans un cadre de modélisation géospatiale avancé.
Ces travaux visent à définir un nouvel indice de vulnérabilité de la santé maternelle couvrant les trois dernières décennies dans une vingtaine de villes. « Cet indice englobe divers facteurs de vulnérabilité, notamment les contraintes environnementales, les déterminants sociodémographiques, la charge de morbidité, l’accès limité ou de qualité insuffisante aux soins, ainsi que les dysfonctionnements des systèmes de santé », précise le collectif
Une attention particulière sera ensuite portée sur les trois grandes agglomérations pilotes : le Grand Conakry, le Grand Nokoué et Lubumbashi, où des données complémentaires sur l’offre de soins seront collectées et analysées. Outre la recherche, UrbanBirth s’engage à rendre les résultats accessibles aux communautés non scientifiques à travers des articles de blog et des publications sur les réseaux sociaux. Le collectif constitue également une plateforme de formation et d’apprentissage mutuel entre institutions et chercheurs. Cette dynamique inclut notamment l’encadrement d’étudiants en doctorat et de chercheurs postdoctoraux.
Le collectif UrbanBirth est un partenariat d’institutions de recherche créé en2024. Il regroupe l’Institut de médecine tropicale d’Anvers (Belgique), l’École de Santé publique de l’Université de Lubumbashi (ESP/UNILU, RDC), le Centre d’excellence africain pour la prévention et le contrôle des maladies transmissibles (CEA-PCMT, Guinée) et le Centre de recherche en reproduction humaine et en démographie (CERRHUD, Bénin).